samedi 4 octobre 2014

Voyage poétique à travers les états de corps

Crédit photo : Marilène Bastien
Seul sur scène, le danseur respire.
D’abord de manière imperceptible.
Puis sa respiration s’amplifie pour secouer progressivement l’ensemble de son corps.

Sur le Requiem de Fauré, il se fond dans un état de transe quasi-mystique. Véritable don de soi, sa danse évanescente est sublimée par la musique christique.

Corps en crise, dysfonctionnel et désarticulé.
Axé sur l’action, le visage du danseur demeure détaché.
Cette neutralité enrichit le propos en ouvrant le sens.

Manuel Roque incarne différentes couches d’identités à travers la pluralité des états qu’il traverse. Il déconstruit tranquillement chaque position pour glisser vers une série de déséquilibres tantôt guidé par le genou, tantôt par le bassin. Chaque partie du corps semble indépendante. Malléable, ce « corps matière » devient le réceptacle d’images poétiques. 

Corps animal qui s'ébroue.
Corps circassien qui se contorsionne.
Corps organique qui vibre.
Bras vaporeux qui ondulent.
Suspension du temps.
États de grâce avant la chute au sol.
D'une posture accroupie, une main émerge telle une fleur qui éclot.
Doigt en l'air, poing brandi, corps sans tête. 

De par sa mouvance permanente, cette multiplicité d'images produites par le corps du danseur s’oppose à l’imposante scénographie (signée Marilène Bastien) composée d’une sculpture à la fois divine et monstrueuse, menaçante et protectrice, énigmatique et brillante, immobile et protubérante.

Data créé à l’Usine C à l’automne 2014
Chorégraphie et interprétation: Manuel Roque
Conseillères artistiques: Ginelle Chagnon, Indiana Escach, Lucie Vigneault
Scénographie, costume: Marilène Bastien | Lumières: François Marceau