Lu dans une critique du spectacle Yellow Towel de Dana Michel : « ce qui se passe devant nous laisse profondément
perplexe (…). Malaises. Interrogations ».
Qu’est-ce qui suscite un
tel malaise ? L’art contemporain ? L’étrangeté d’une
proposition ? La lumière brute ? Le sentiment d’ignorance du critique ?
Yellow Towel | Dana Michel | Crédit photo : Maxyme G Delisle |
La critique aurait pu développer cette idée pourtant féconde :
« on ne sait trop encore à qui ou à quoi on a affaire. Homme, femme? Un
être singulier du moins ».
Faut-il être initié pour apprécier des œuvres chorégraphiques aussi déroutantes ?
Deux étudiants de secondaire croisés à la sortie le soir du spectacle m’ont prouvé le
contraire en me confiant avoir été littéralement fascinés par l’expérience. Pour
eux, il s'agissait d'une « découverte extraordinaire », la première fois
qu’ils voyaient de la « performance » (sic).
Sans forcément « aimer »
l’œuvre, ce travail ne laisse personne indifférent ne
serait-ce que par sa radicalité : son univers
scénographique, la présence d'un personnage étrange et polymorphe, la défiguration de
son corps et de sa voix ont le mérite de nous troubler, et, ce faisant, de questionner nos habitudes et références.
« on est en droit de se demander : quelle est cette
proposition? Comment la saisir, comment la recevoir? Honnêtement? Je n’en ai
pas la moindre idée »...
Si tu ne sais comment saisir une telle
œuvre, pourquoi écrire une critique ?
Qu’attends-tu d’une œuvre de
danse contemporaine ?
Quelque chose à « comprendre », un moment
de distraction, des images et de la musique « agréables » ?
En
te lisant, je m’interroge sur tes attentes. Car l’art contemporain, on le sait,
ça vient gratter là où ça dérange, là où ça hérisse, là où les choses ne sont
pas forcément « logiques », encore moins simples, faciles et
réconfortantes.
Yellow Towel | Dana Michel | Crédit photo : Ian Douglas |
N’est-ce pas l’intérêt de la création artistique ?
Nous
placer devant des objets incompréhensibles et indéfinissables qui viennent
ébranler nos références, nos habitudes, nos certitudes, nos patterns, et titiller notre inconscient.
(Lettre à une critique, juin 2013)
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