Telle une pièce d’Eugène
Ionesco, aucun accessoire mentionné dans le titre n’est présent dans la pièce Manteau long en laine marine porté sur un
pull à encolure détendue avec un pantalon peau de pêche et des chaussures
pointues en nubuck rouge. Tout le jeu consiste pour le binôme Delgado Fuchs
à décevoir une à une toutes les attentes du public et, paradoxalement, à le
surprendre.
Leur recherche chorégraphique se décline dans la plus grande
simplicité, d’apparence innocente et ingénue. Ainsi, ils se livrent à des
séries d’exercices de réchauffements et d’étirements physiques qui à force de
répétition glissent doucement vers l’équivoque et le trivial.
Marco Delgado et Nadine Fuchs |
Déjouant les
codes du spectaculaire, ils remportent même le pari d’« être nus sans être
nus » en interprétant un pas de deux dans une nudité intégrale, chacun
recouvrant cependant le sexe de l’autre par sa main.
Poussant le vice de chaque
parti-pris, Nadine Fuchs s’habille ensuite en rose bonbon de la tête aux pieds,
en passant par ses sous-vêtements jusqu’aux bottes à talons. Son complice en
fait de même avec un costume et chapeau haut de forme conçus dans une même
gamme chromatique : bleu azur. Ces deux couleurs donnent à chaque
personnage une image d’Épinal de l’homme et de la femme.
Le duo pousse leur
réflexion sur la spectacularisation du corps jusqu’au bout en terminant leur
pièce avec des panneaux grandeur nature à leur effigie. Les spectateurs sont
alors invités à poser derrière grâce à des ouvertures effectuées au niveau des
visages, comme pour un souvenir de vacance, grâce à un appareil photo polaroïd
laissé à leur disposition. L’image des deux interprètes devenant ainsi
emblématique du spectacle, n’importe qui peut poser, en souvenir, dans leurs
corps idéals.