mercredi 25 février 2004

Käfig vu par le public

Danse hip hop :
Corps est graphique de Käfig
Témoignages de spectateurs

En tournée à Montréal, le dernier spectacle de la compagnie Käfig mêle le multimédia aux cultures hip hop et orientale tant au niveau de la danse que de la musique. Réactions de trois spectateurs enchantés…

Spectateur #1 : Käfig ou l’art de la synthèse par la danse
 

Au moment de l’invitation, on m’a dit trois mots pour résumer ce que faisait la compagnie Käfig : hip hop, culture arabe, danse contemporaine. Si j’aime la danse comme forme d’expression artistique, je dois avouer que je ne suis pas un érudit de ce noble art. Je ne suis pas non plus un amateur de hip hop et je n’aime guère, au resto, la musique arabe qui monopolise mon ouïe lorsque que je déguste un succulent shish taouk. C’est donc dire que c’est avec une certaine appréhension que je me suis rendu à l’Usine C pour voir Corps est graphique, la dernière création de Mourad Merzouki.

Vers 22 heures, après le spectacle, me présentant au petit bar de l’Usine C, j’étais aussi heureux qu’ébahi, encore sous le choc d’avoir assisté à quelque chose totalement hors de mes repères. Une seule certitude : la compagnie Käfig m’avait convié à une merveilleuse expérience de danse contemporaine et les mots « hip hop », « culture arabe » et « danse » ne suffisaient plus pour résumer ce que je venais de voir. Pour moi, Corps est graphique c’est :
  • Des mouvements précis, dynamiques, fluides toujours bien synchronisés et parfois exécutés avec un brio de gymnaste. Du bonbon pour les yeux.
  • Une inspiration de la rue mais une maturité certaine dans le style, une affirmation de danse contemporaine sans complexe.
  • Un espace visuel riche dans l’image et les costumes qui s’intègre parfaitement dans la chorégraphie.
  • Une poésie visuelle, le message d’une libération, d’un affranchissement des préjugés et fixations de la société.
  • Une incroyable générosité dans la performance des danseurs, heureux d’aller à l’extrême limite de leur capacité sous nos yeux.
Un seul petit bémol technique : la mise en scène a parfois souffert de l’espace plutôt en largeur de la salle. Certains enchaînements étant ratés pour les spectateurs sur les côtés, les danseurs étant incapables de camoufler leur présence en milieu de scène pour les regards plus en angle.
Enfin, chapeau à Mourad Merzouki et sa troupe, quel bonheur d’assister à un tel épanouissement de culture populaire.

Spectateur #2 : Un spectacle « Daftpunkien »
 

Pour moi, le hip hop, c’est l’image de gars et de filles des cités qui dansent sur une musique urbaine, sur du rap ou rythmes du genre. Tous les spectacles de hip hop que j’avais vus par le passé m’avaient bien plu, donc je ne risquais pas grand-chose à aller voir Käfig. J’étais certain de ne pas m’ennuyer.
J’ai été TRÈS AGRÉABLEMENT surpris. Un décor simple mais efficace. C’était vraiment impressionnant et surtout agréable à voir. Moi qui aime le clip de Daft Punk « Around the World », j’ai retrouvé certains passages. Sinon, j’ai aimé les musiques, les costumes du début et la chorégraphie, souvent très acrobatique.
Ce qui m’a marqué, c’est le casque qu’ont les danseurs sur la tête dans la première partie du spectacle. Pas facile de danser avec un cube enfoncé sur soi. Très « Daftpunkien ». Et aussi deux des gars qui dansaient en groovant leurs corps, en les démembrant, c’était assez hallucinant !
Cependant, j’ai trouvé l’ensemble un peu macho. C’est peut-être voulu, mais c’était parfois trop caricatural : le gars danse, est super impressionnant (au sol, sur la tête, etc.) et pendant ce temps-là, la fille le regarde, fait « ouais ! » de la tête, est super impressionnée. Après, elle lui répond parfois, mais ça m’a toujours semblé moins impressionnant, moins percutant que lui. Ma scène préférée fut celle où un des gars tourne sur sa tête. C’est commun à plein de spectacles de hip hop, mais ça me fait toujours le même effet.
Enfin, je me souviens qu’en face de moi, il y avait un couple. Ils ont tous les deux adoré, ils faisaient des « waouh ! » d’admiration, applaudissaient, en redemandaient. Le truc hallucinant, c’est qu’ils avaient chacun environ 65 ans ! C’est la première fois que je vois des vieux triper sur une danse de « jeunes » ! C’était génial ! Je retournerai sans problème voir Käfig !

Spectateur #3 : « Spinner » sur la tête
 

À part quelques vidéos à la télé et la petite bande devant le métro Mont-Royal, je ne connais pas grand chose au hip hop. En fait, je ne sais pas faire la différence entre le Hip hop et le Rap (de ma jeunesse).
J’ai aimé la synthèse de plusieurs courants de danse, le dynamisme et l’humour : il y a longtemps que je n’avais pas souri pendant un spectacle de danse. Les interprètes étaient tous souriants et attachants. Je retiens particulièrement la séquence des marionnettes (ma scène préférée) et les acrobaties des danseurs. La scénographie est intéressante mais l’éclairage aurait pu être grandement amélioré, notamment pour le tableau des marionnettes. Un éclairage plus noir aurait permis de mieux voir que les marionnettes.
Plusieurs mouvements m’ont marquée. Entre autres, le danseur qui traverse toute la scène sur les mains et celui qui « spinnait » sur la tête très longtemps m’ont bien fait sourire. Ouf ! Je me suis dit que je devrais aller au Cirque du Soleil puisque les acrobaties m’impressionnent autant !
Une scène m’a marquée : celle des projections sur les panneaux. J’avais du mal à comprendre comment ils arrivaient à produire cet effet. Quelle synchro incroyable ! Les projections vidéos étaient bien mais sur les côtés, on voyait souvent les danseurs lorsqu’ils se cachaient derrière le cube.
Quant à la musique, je l’avais encore dans la tête le lendemain matin. J’ai bien aimé, ça m’a redonné envie de sortir danser jusqu’aux petites heures du matin.

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