Avec
l’accessibilité des technologies actuelles, tout un chacun peut désormais
réaliser sa propre vidéo et la diffuser librement sur Internet. En danse
contemporaine, parmi les premiers chorégraphes à s’être illustrés sur le Web figurent les deux Français Magali et Didier Mulleras qui créent depuis 1998
des œuvres numériques comme la série de mini-vidéos danse intitulée mini@tures, conçues essentiellement pour
le Web.
Leur utilisation est cependant conforme au traitement chorégraphique de l’image
vidéo : les danseurs évoluent dans un cadre délimité par la caméra, comme
prisonniers d’une mini-boîte :
Parallèlement aux expérimentations des artistes, une quantité d’individus se démarque régulièrement et de plus en plus sur la toile par le biais de propositions originales et farfelues, accédant à la célébrité en un clic. Par exemple, le projet Where the Hell is Matt ? présente une série de cartes postales vidéos d’un certain Matthew Harding exécutant un même mouvement devant différents endroits du monde : aussi bien devant les tortues des îles Galápagos que sur la muraille de Chine, avec les Papous de Nouvelle-Guinée ou encore dans l’Antarctique, et même en apesanteur avec la NASA ! Pour réaliser cette étonnante vidéo, Matt Harding a passé 14 mois à parcourir 42 pays du globe.
Version 2006 (en solo) :
Version 2008 (avec guest) :
La
même idée a été développée par un dénommé Davey, qui voyage à travers le monde
et se filme en train de danser à chacune de ses destinations.
Entamé lors d’un voyage en Europe au printemps 2007, le projet du Davey Dance Blog consiste à choisir pour
chaque lieu une chanson pop durant laquelle il improvise tout en se filmant à
l’aide de son appareil photo numérique (au Vatican sur une chanson de Tom
Waits, devant la tour de Pise sur une chanson des Beatles, devant la tour
Eiffel, ou la pyramide du Louvres sur les paroles du chanteur français Philippe Katherine, ou encore au
pied du mont Saint-Michel, de l’Arc de triomphe ou de la butte Montmartre, sur
le pont d’Avignon, à Amsterdam, à Barcelone, à Berlin, etc.). Depuis, le
performeur poursuit sa création sous diverses formes dans différentes villes
des États-Unis, invitant une foule de figurants à y participer.
Outre
un formidable moyen de diffusion, le Web constitue un outil de
démocratisation. En effet, le mouvement de danse électro, baptisé
« Tecktonik » en France, en est une parfaite illustration. Les
adeptes de cette danse créent et échangent chaque jour de nouveaux pas, de
nouvelles figures grâce au partage de leurs vidéos sur Internet. Étendant ainsi
leur pratique au-delà des frontières et de la barrière de la langue, chacun
peut désormais s’entraîner à domicile et présenter ses créations sur le Web.
Suivant ce mode de diffusion et d’échange révolutionnaire, Sarah Febbraro, une
étudiante en art, a créé le projet GlobalDancing : Call and Response qui consiste à apprendre une routine de
danse, à se filmer en l’interprétant chez soi ou dehors et à partager le
résultat sur Internet. Depuis, des gens
du monde entier et de tout âge se sont prêtés au jeu de se filmer en train de
danser sur la chanson Timebomb de
Beck en effectuant les mêmes mouvements, offrant ainsi une partition
chorégraphique accessible à tous et ouvrant l’œuvre à n’importe qui.
Ces
différentes réalisations qui se multiplient via Internet offrent une nouvelle façon
d’envisager la danse, tout comme son
cadre de diffusion, en dehors des sentiers battus de son contexte de création traditionnel voué à l'espace théâtral. Démontrant ainsi sa nature hétérotopique, en fonction des concepts proposés, la danse ne se conçoit plus
obligatoirement dans un studio de répétition. De plus, elle ne nécessite plus
forcément la présence de danseurs expérimentés. Enfin, elle ne se soumet plus
aux formats standards imposés par les circuits de diffusion en terme de durée,
de coût mais aussi de jauge et de recette.
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